Histoire du Charlevoix maritime
Histoire de Baie‑Saint‑Paul
Premiers contacts et toponymie
Le territoire qui deviendra Baie‑Saint‑Paul était habité depuis longtemps par des communautés autochtones, qui connaissaient bien les richesses de la région et les particularités de son relief et de ses cours d’eau. Les premiers contacts européens datent du 16ᵉ siècle, lorsque l’explorateur Jacques Cartier visita la région. Il nota la beauté et la complexité du paysage, mais ce sont Samuel de Champlain et ses compagnons qui marquèrent profondément la toponymie locale. En explorant la baie et la rivière du Gouffre, Champlain observa les eaux tourbillonnantes, la profondeur des fonds et la présence de nombreux rochers à l’embouchure, éléments qui fascinaient et parfois inquiétaient les premiers explorateurs. La baie fut rapidement entourée de récits mythiques ; certains la qualifiaient d’abîme infernal, reflétant le folklore vivant et imagé de la population locale. Ces récits, mêlant observation et superstition, témoignent de l’importance de la baie dans l’imaginaire collectif des habitants et des visiteurs de l’époque.
Colonisation et seigneuries
La colonisation européenne s’organisa autour des seigneuries, un système hérité de la France. Baie‑Saint‑Paul faisait initialement partie de la seigneurie de Beaupré, fondée en 1636. Bien que la région ait été officiellement colonisée en 1678, son développement reste limité par son isolement géographique, notamment avant la construction du chemin de fer reliant la ville à Québec, un projet soutenu par Rodolphe Forget dans le cadre de ses engagements électoraux. La rive opposée de la rivière fut constituée en seigneurie du Gouffre en 1682, utilisant le cours d’eau comme frontière naturelle entre les deux territoires. Cette division reflète l’organisation territoriale de la Nouvelle-France, où l’eau servait non seulement de ressource mais aussi de marqueur juridique et social.
Développement économique et culturel
Dès les premières années coloniales, l’agriculture et l’exploitation forestière constituaient la base de l’économie locale. La présence de la goudronnerie royale sur la rivière du Gouffre montre l’importance de la région pour la construction navale et la production de ressources stratégiques. Avec le temps, le tourisme et l’art sont devenus des piliers économiques majeurs. L’inauguration du chemin de fer en 1918 permit à la ville de s’ouvrir au monde, facilitant l’accès des visiteurs et favorisant l’installation de nombreux artistes. Ce développement artistique a valu à Baie‑Saint‑Paul d’être reconnue comme capitale culturelle du Canada en 2007, soulignant son rôle central dans la vie culturelle de Charlevoix et au-delà.
Patrimoine et infrastructures locales
Le patrimoine architectural de Baie‑Saint‑Paul illustre le passage du temps et l’évolution des communautés. Le manoir seigneurial et la première chapelle, situés sur la rue Sainte‑Anne, représentaient les premiers bâtiments d’importance, témoins de l’histoire coloniale avant leur destruction par un incendie en 1926. La gare historique, aujourd’hui intégrée au circuit touristique, rappelle l’importance cruciale du chemin de fer dans la structuration de la ville et dans la circulation des personnes et des marchandises. Le rang Saint-Laurent, initialement utilisé par les autochtones et plus tard par les colons, illustre l’histoire agricole et offre un panorama exceptionnel sur l’astroblème de Charlevoix, un vestige géologique unique. Les fermes locales, comme celles de Marie‑Noëlle Beaulieu et du Gouffre, continuent de marier tradition et innovation, conservant l’agriculture familiale tout en adoptant des technologies modernes pour assurer la vitalité économique du territoire.
Secteur Saint-Urbain et nature environnante
Le secteur de Saint-Urbain constitue la porte d’entrée vers l’arrière-pays charlevoisien. Il offre de nombreux sentiers de randonnée, dont le célèbre sentier des Florents, et un accès privilégié au parc des Grands-Jardins, intégré à la réserve de la biosphère de Charlevoix. Ce parc protège cinq niveaux de végétation et abrite une population de caribous forestiers en déclin, témoignant de l’importance écologique de la région. Les fermes locales, telles que Madikewi et Basque, poursuivent la tradition agricole en produisant des produits du terroir, favorisant les circuits courts et valorisant l’agriculture familiale. Cette relation étroite entre nature, agriculture et loisirs constitue l’un des traits distinctifs de la région.
Héritage et culture contemporaine
Aujourd’hui, Baie‑Saint‑Paul conjugue patrimoine, culture et nature dans un équilibre unique. Ses bâtiments historiques, ses commerces locaux et ses initiatives agricoles et touristiques reflètent une identité ancrée dans l’histoire mais ouverte à l’innovation. La ville demeure un symbole de la richesse culturelle et naturelle de Charlevoix, attirant artistes, visiteurs et passionnés de nature, tous désireux de découvrir un territoire où le passé et le présent dialoguent harmonieusement. Le secteur Bessin‑Paul, en particulier, illustre cette convergence entre héritage historique et vitalité contemporaine, offrant une expérience complète et enrichissante à tous ceux qui s’aventurent dans cette région exceptionnelle.
Histoire de Saint‑Irénée
Premiers contacts et toponymie
La baie de Saint‑Irénée appartient à un paysage habité depuis longtemps par les peuples autochtones, qui fréquentaient les rivages du fleuve Saint‑Laurent, exploitaient ses ressources maritimes et profitaient des vallées fluviales intérieures. Le territoire de Saint‑Irénée se trouve précisément à l’embouchure de la rivière Jean‑Noël, qui traverse la municipalité du nord‑ouest vers le sud‑est jusqu’au fleuve. Le nom « Saint‑Irénée » rend hommage à Irénée de Lyon, et la paroisse prend forme au milieu du XIXᵉ siècle. Le relief est accidenté, boisé, et typique de Charlevoix : la portion littorale s’étend le long du fleuve tandis que l’arrière‑pays monte vers les plateaux morainiques formés par l’impact ancien de l’Astroblème de Charlevoix.
Colonisation et seigneuries
Le territoire de Saint‑Irénée faisait partie de la seigneurie de Murray Bay, octroyée en 1762 à John Nairne, ce qui marque le passage à l’organisation coloniale de type seigneurial dans ce secteur de Charlevoix. La paroisse civile de Saint‑Irénée est officialisée au 1ᵉʳ juillet 1855. Dès les débuts de la colonisation européenne, l’agriculture de subsistance, la construction navale dans les estuaires, la pêche et le cabotage sur le fleuve sont des activités importantes. Le paysage rural se dessine autour de rangs agricoles et de hameaux littoraux, et la route côtière (aujourd’hui la route 138) joue progressivement un rôle de lien. Malgré ces fondations, l’accessibilité demeurait limitée jusqu’au XXᵉ siècle, comme c’est le cas pour beaucoup de localités de Charlevoix.
Développement économique et culturel
Au fil du temps, l’agriculture demeure un pilier local : par exemple, la ferme « La Côte des Bouleaux » à Saint‑Irénée est active depuis les années 1920, avec cultures légumières et élevage bovin. Par ailleurs, le tourisme et la culture prennent de plus en plus de place. Le site du Domaine Forget de Charlevoix, situé à Saint‑Irénée, est un haut lieu de diffusion des arts (musique, danse, sculpture) depuis sa création à la fin du XXᵉ siècle. En 2025, la baie de Saint‑Irénée est officiellement admise dans le réseau international des Club des Plus Belles Baies du Monde, soulignant le rayonnement international du lieu, ainsi que son engagement envers le tourisme durable et la valorisation du patrimoine naturel. Cette distinction confère à la baie une reconnaissance exceptionnelle et place Saint‑Irénée sur la carte des grandes destinations côtières. Le tourisme littoral, les hébergements villageois, les boutiques d’artisanat et les activités de plein air (randonnée, kayak de mer) sont devenus des vecteurs économiques essentiels.
Patrimoine et infrastructures locales
Le patrimoine de Saint‑Irénée est riche et varié. L’église de la paroisse, érigée en 1842/1843, est la deuxième plus ancienne de Charlevoix après celle de Sainte‑Agnès ; elle offre un panorama splendide sur le fleuve et conserve des œuvres d’art d’influence européenne. Le territoire est structuré autour de trois sous‑secteurs paysagers : le village principal à l’embouchure de la rivière Jean‑Noël, le « chemin des Bains » en bordure du fleuve où la villégiature s’est développée, et le plateau du Domaine Forget. Les confrontations entre agriculture, villégiature et conservation du paysage ont façonné l’aménagement local. Aujourd’hui, on y trouve un équilibre entre fermes, résidences secondaires (près de 30 % des maisons sont secondaires) et zones protégées.
Nature et environnement
Le relief de Saint‑Irénée est intimement lié à l’astroblème de Charlevoix : l’impact ancien d’un météore a donné naissance à un paysage de crête et de plateau, depuis le fleuve jusqu’aux hauteurs boisées. La rivière Jean‑Noël, coulant vers l’embouchure au fleuve, traverse une vallée boisée et agricole, mêlant sylviculture, agriculture et tourisme récréatif. La côte, la plage et la baie de Saint‑Irénée attirent visiteurs et amateurs de nature. La reconnaissance récente par le Club des Plus Belles Baies du Monde confirme l’importance écologique et paysagère du lieu : la gestion responsable du littoral, la mise en valeur du patrimoine et l’attention portée aux écosystèmes constituaient des critères de sélection. L’arrière‑pays présente quant à lui des forêts, des terres agricoles et des panoramas sur le fleuve qui participent à l’attractivité du territoire.
Héritage et culture contemporaine
Aujourd’hui, Saint‑Irénée conjugue tradition agricole, patrimoine naturel, culture et tourisme haut de gamme. Les fermes innovent encore, les artistes et les artisans s’installent, et les visiteurs affluent pour découvrir un lieu où l’histoire s’entrelace avec la modernité. Le Domaine Forget accueille des festivals et classes d’artistes internationaux, renforçant l’image culturelle de la municipalité. Le village littoral, avec ses maisons en bois, son quai, son église historique et sa plage, offre une immersion dans une ambiance charlevoisienne authentique. Le fait d’être membre du réseau des Plus Belles Baies du Monde constitue un atout majeur pour le développement touristique, tout en incitant à la conservation du patrimoine. En tant que destination, Saint‑Irénée propose une expérience complète : des paysages grandioses, un patrimoine architectural, des traditions rurales vivantes, et des activités de nature accessible. L’identité locale est ainsi ancrée dans le respect de l’environnement, de l’histoire et de la culture.